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Portait [2] Raphaël Hardelin

Il était tout naturel que nous puissions vous présenter Raphaël Hardelin, car c’est ce jeune artiste romeufontain qui a offert à la municipalité de très jolis dessins pour illustrer la carte de vœux 2022, ainsi que votre prochain journal municipal, (disponible en lecture sur notre site internet dès la semaine prochaine, et dans vos boîtes aux lettres la semaine suivante).

Bonjour Raphaël, tout d’abord je tiens à te remercier une nouvelle fois, au nom de la municipalité pour tes dessins sur la carte de vœux 2022. Ils ont été très appréciés.

Comme pour chaque portrait,  je vais te demander tes origines, d’où vient ta famille et quel a été ton cursus scolaire sur la commune de Font-Romeu Odeillo Via ?

 

Mes grands-parents paternels sont parisiens et du côté de ma maman j’ai des origines champenoises.  Mon père a trouvé du travail en Cerdagne et s’y est installé il y a maintenant 29 ans. Ma maman a travaillé à Reims avant de rejoindre mon père en Cerdagne. Le cadre de vie leur a plu et c’est donc ici qu’ils nous ont élevé ma sœur et moi.

J’ai réalisé toute ma scolarité à Font-Romeu : de l’école de la Forêt, au collège-lycée Pierre de Coubertin où j’étais en section sportive biathlon jusqu’en seconde, puis en section sportive ski de fond jusqu’en classe de terminale.

Ensuite je suis parti en école d’architecte à Montpellier (ENSAM) où je rentrerai en 5ème année au mois de septembre. J’ai également réalisé pour mon master 1, une année d’échange Erasmus à l’ecole technique supérieure d’architecture de Madrid.

 

Quelles sont tes lieux favoris à Font-Romeu Raphaël ?

 

Je dirais les pistes de ski, parce que j’y ai passé énormément de temps et que ça me permettait d’avoir un peu de répit entre les cours. J’ai des supers souvenirs sur les pistes avec ma famille également. Après,  je dirais la rue principale qui descend devant l’office du tourisme. Quand on me parle de Font-Romeu, je vois tout de suite cette rue où j’aime beaucoup me balader. Je dirais aussi la place des Comtes de Cerdagne, il y a une superbe vue et j’y ai le souvenir des feux d’artifice…

Pour finir je pense au lycée et ce qu’il y a autour,  j’ai vécu énormément de choses là-bas et j’en garde de très bons souvenirs, surtout  en classe de première et de terminale. Même si j’avais un peu de mal à m’assumer et à être moi-même. J’ai réussi à m’épanouir pleinement lorsque je suis parti étudier un peu plus loin.

 

As-tu déjà une idée de tes projets pour plus tard ?

 

J’avais hésité à intégrer une école d’architecture ou de suivre une formation aux beaux-arts. Je n’avais pas choisi les beaux-arts, car c'était trop artistique à mon goût et au final en faisant des études d’architecture, je trouve que ce n’est pas assez artistique pour moi. Je sais que le métier d’architecte me plaira, mais je vais essayer de me tourner un petit peu plus vers la scénographie qui me parait plus en lien avec le métier que je veux exercer. Cela me permettrait de développer cette partie de création qui me plait plus.

 

Tu as réalisé des illustrations pour la mairie, raconte-nous comment cela s’est-il passé ?

 

Je connais Michel Riff depuis très longtemps. Il m’avait proposé l’année dernière de réaliser des illustrations pour un projet personnel. Comme il aimait bien mon style de dessin, il a pensé à moi pour réaliser une illustration pour la première carte de vœux de la nouvelle municipalité.

 

Est-ce que c’était ta première expérience professionnelle ?

 

Ce n’était pas ma première expérience professionnelle. J’ai commencé il y a 4 ans avec une collaboration avec Alain  Llense, un ancien CPE du lycée de Font-Romeu qui écrit des livres. J’ai réalisé pour lui la couverture de son 4éme roman puis deux ans après, celle de son 5éme roman. J’ai également travaillé pour l’association "Fifty Fifty Sail" qui organise chaque été une course à la voile en Bretagne. Cet évènement récolte des fonds pour permettre aux femmes victimes de violence de se reconstruire par le sport. J’ai fait à plus petite échelle des dessins/logos pour des amis et il me semble que c’est tout. C’est déjà pas mal !

 

Oui, effectivement !

On peut d’ailleurs voir tes illustrations en dessous du cadre.

 

 

Raphaël, comment imagines-tu Font-Romeu dans 20 ans ?

 

D’abord, que cela reste préservé, tout en développant le tourisme l’hiver et surtout celui d’été. Cependant je n’aimerai pas que Font-Romeu devienne trop gros, il faut conserver cette ambiance de village qui est extrêmement agréable, avec ses différents étages, ses différents âges. J’ai tout de même du mal à répondre à cette question. Je suis parti pour les études il y a 4 ans maintenant et donc, c’est un village où je viens uniquement pour les vacances. Je ne me vois pas faire ma vie à Font-Romeu, pour le métier que j’aimerais faire ça me parait compliqué. D’un point de vue de l’offre culturelle, par exemple, il m’en faut beaucoup !

 

 

 

les Dans le projet des illustrations pour le journal municipal, quelles ont été tes motivations ?

 

Déjà j’avais été très flatté que Michel Riff fasse appel à moi pour l’illustration de la carte de vœux. J’ai eu pas mal de retour très positif, notamment de gens qui regardaient les détails du dessin à la loupe. J’ai trouvé cela extrêmement valorisant pour mon travail. J’ai apprécié que l’on  me choisisse en tant que romeufontain, j’avais envie de continuer sur cette lancée-là. C’est génial d’être un jeune du coin et de façonner l’image de sa ville. C’est ma façon de contribuer à mon échelle, à son rayonnement et à son développement. J’ai pris le temps de dessiner pour le journal car ce projet me tient à cœur.

 

Et je t’en remercie car le résultat est vraiment à la hauteur.

 

Depuis quand est-ce que tu dessines ?

 

J’ai commencé à dessiner des reproductions de couvertures de BD au milieu du collège, vers 13, 14 ans. Je me suis mis à dessiner plus régulièrement quand j’étais au lycée. Depuis que je suis rentré en école d’architecture, je dessine quasiment quotidiennement. Quand je dessine je ne pense à rien d’autre, je mets mes problèmes entre parenthèses.

 

J’ai une question de curiosité, est-ce que lorsque tu dis que tu viens de Font-Romeu, est-ce que les gens connaissent ?

 

Quand je disais à Madrid que je viens de Font-Romeu, pas forçément. Lorsque je précise que c’est une ville proche de la frontière espagnole et de Puigcerda, certains connaissent. En France si je parle de Font-Romeu les gens peuvent connaitre, sinon en disant que c’est une station de ski dans les Pyrénées à 1h de Perpignan, les gens arrivent à se situer.

 

Est-ce que ta famille te considère comme un artiste ?

 

Dans ma famille, on me voit comme une personne artistique, oui. Mon grand-père maternel dessinait beaucoup. Les autres membres de la famille sont un peu plus scientifiques. Cependant, j’ai choisi de suivre des études artistiques comme une de mes cousines qui elle, est musicienne.

 

Tu travailles donc sur un mémoire, quel en sera le sujet ?

 

Dans le cadre de mon master en architecture je dois effectivement réaliser un mémoire de recherche.

J’ai vécu une rupture amoureuse en début d’année. J’ai alors décidé de l’extérioriser à travers la réalisation d’un clip de danse dans les rues de Tolède, une ville proche de Madrid. J’avais besoin d’ancrer cet évènement dans le temps pour tirer un trait dessus. Il se trouve qu’en discutant avec ma prof de mémoire, cette histoire lui a plu. Je me suis donc lancé dans la réalisation d’un travail sur la danse, les mouvements du corps en rapport avec l’espace de la ville. C’est une expérimentation sensorielle pour affronter les épreuves que nous réserve la vie…

 

Aimerais-tu parler d’un point que nous n’avons pas abordé ?

 

J’aimerais parler de ma petite sœur, Alice, nous sommes très proches, comme des jumeaux, car nous n’avons que 18 mois d’écart. J’aime beaucoup la complicité que nous avons. Nous habitons en collocation à Montpellier, elle fait des études pour devenir sage-femme.

J’aimerais aussi aborder un sujet qui me parait important. Il peut intéresser le plus grand nombre, notamment les plus jeunes.

J’ai découvert mon attirance sexuelle pour les hommes au lycée. Cette période a été assez difficile à vivre. Je n’arrivais pas à m’assumer et cela me rendait malheureux. C’est grâce à mon éloignement géographique de Font-Romeu, lorsque je suis parti à Montpellier, que j’ai réussi à franchir le pas et que j’ai pu parler à mon entourage et à mes amis de cette attirance. À Font-Romeu, tout le monde se connait alors que dans une grande ville, on est plus facilement anonyme. C’est plus donc plus facile d’être soi-même. J’ai pu dès mon arrivée à Montpellier être la personne que je voulais être. Je me suis pendant longtemps réfugié dans l’expression artistique pour apprendre à m’aimer.  Maintenant, je suis très à l’aise avec cette facette de ma personnalité. Alors si vous êtes dans une situation similaire à celle que j’ai vécue, laissez-vous le temps, il n’y a pas d’âge pour faire son coming-out !

J'aimerais pour finir remercier toutes les personnes qui m'ont fait confiance jusqu'à présent et qui ont cru en moi. Mes parents, mes amis et la mairie de Font-Romeu qui m'a permis de développer ma pratique artistique et de lui donner de la visibilité grâce à la carte de vœux et au journal municipal.

 

Je te remercie Raphaël pour le temps que tu as passé à dessiner la carte de vœux, ainsi que les illustrations pour le journal. Je suis certaine que les lecteurs les apprécieront et surtout pour cette interview !

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