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Timbre du Four Solaire d’Odeillo

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Cérémonie du lancement du timbre à l’effigie du four solaire d’Odeillo, le 25 mars 2022

 

 

Au-delà d’être un monument remarquable dans notre paysage, c’est un atout majeur en termes de recherche sur le territoire et il sera à partir du lundi 28 mars, à l’effigie d’un timbre, organisé par le laboratoire PROMES-CNRS.

Le four solaire d’Odeillo a été le cadre, vendredi 25 mars, du pré-lancement du timbre.

La municipalité est très fière de vous présenter le déroulement de cette cérémonie en présence de :

 

  • Mme Nadia PELLEFIGUE, vice-présidente à la région Occitanie
  • M. Michel Garcia, conseiller départemental des Pyrénées Orientales et maire de Matemale
  • M. Alain LUNEAU, maire de FONT-ROMEU ODEILLO VIA
  • Mme Françoise BATAILLE, directrice du laboratoire Promes-CNRS
  • M. Jerôme VITRE, délégué régional Occitanie Est du CNRS
  • M. Stéphane VISSEQ, Délégué Territorial Groupe de la Poste Pyrénées Orientales
  • M. Gilles FLAMANT, ancien Directeur du laboratoire PROMES CNRS, responsable de recherche du laboratoire

 

Mme Françoise Bataille, directrice du laboratoire Promes CNRS, rappelle que le laboratoire regroupe environ 150 personnes qui travaillent toutes sur le solaire : chercheurs, enseignants chercheurs, ingénieurs, techniciens, doctorants, administratifs.  Tous ces membres du laboratoire font des recherches qui ont un lien avec le domaine du solaire.

 

Elle a tenu à remarquer : « Et dans ce contexte, la mission du laboratoire et bien c’est de contribuer à la décarbonation de la production de l’énergie. Nous travaillons sur trois grandes thématiques de recherche : la première des thématiques concerne les matériaux pour l’énergie et l’espace. La deuxième, ce sont les centrales solaires de prochaine génération, c’est-à-dire les centrales solaires du futur. Et la troisième grande thématique fédératrice concerne le stockage et la chimie solaire.

 

[…]notre grand four solaire donc qui va concentrer jusqu’à 10 000 soleils au niveau du foyer et qui va nous permettre une puissance de 1000 kilowatts. […] On fait également des recherches avec des plus petits fours solaires qui eux vont permettre d’atteindre des températures très très élevées, instantanément, et d’aller jusqu’à plus de 3000 degrés.  Et puis bien sûr, on travaille avec la centrale solaire Thémis, qui elle va autorisée des très fortes puissances sur des grandes dimensions […]  Nos recherches sont internationales et nous travaillons beaucoup avec l’Europe.

 

Alors nous avons vraiment été heureux et très honorés quand la Poste nous a contacté et puis nous a proposé de faire un timbre à l’image du four solaire. […]

 

Jérôme vitre délégué régional Occitanie Est du CNRS, est intervenu à son tour :

 

[…] c’est un grand plaisir pour moi d’être parmi vous aujourd’hui, dans ce lieu exceptionnel, pour représenter le CNRS, a un évènement auquel nous ne sommes guère habitués, puisqu’il s’agit du lancement d’un timbre à l’effigie du bâtiment emblématique du CNRS.

[…] L’implication de l’université de Perpignan, des collectivités territoriales, et notamment de la région Occitanie, au travers de financement d’équipement et de bourses doctorales, sont essentielles pour maintenir une recherche d’excellence au sein de ce laboratoire.  Ici, sont préfigurés un certain nombre de réponse, au défi énergétique et environnementaux actuels et futurs. L’hommage rendu par le groupe La Poste, en choisissant le four solaire du CNRS, comme illustration d’un de ces timbres, est une très belle reconnaissance à cet équipement d’exception, presque unique au monde. Ce timbre va être, j’en suis sûr, un beau vecteur de promotion du four solaire et je gage que les personnes qui l’achèteront, auront la curiosité d’en savoir un peu plus sur le four solaire, son histoire et les recherches qui y sont menées. Il est certainement à prévoir, de nombreux visiteurs supplémentaires dans les prochains mois sur le site d’Odeillo.[…]

 

Stéphane Visseq, Délégué Territorial Groupe la Poste Pyrénées Orientales remercie la directrice Mme Françoise Bataille. Il rappelle que l’édition d’un timbre est toujours un grand évènement pour le groupe La Poste. Pour les postières, pour les postiers et car cela marque l’ADN du groupe. « Le timbre c’est l’histoire de La Poste. Les sorties de timbres sont assez régulières, soit pour mettre en lumière un personnage, soit pour mettre en lumière, l’histoire ou un lieu, et ici il s’agit un bâtiment exceptionnel qui marque l’identité des Pyrénées Orientales. «

Il  cite l’artiste français, qui a créé le dessin sur la base des images transmises par le CNRS et le laboratoire, M. Stéphane Humbert-Basset.

Le timbre est édité à 702 000 exemplaires. Il sera disponible partout, dans les bureaux de poste de France, à partir de lundi. Et il sera accessible aussi chez les buralistes, sur réservation ou alors via le site internet www.laposte.fr qui est bien connu maintenant donc je rappelle à partir de lundi.

 

Mr Luneau, maire de Font-Romeu remarque qu’il est rare de pouvoir participer à ce genre d’évènement dans notre territoire. Il détaille :

« Il y en a déjà eu, il y a quelque temps, en 2000, le lancement du timbre du Petit Train Jaune, en 2011, le timbre pour la Chapelle de l’Ermitage. En 2022, celui du four solaire, c’est une belle lignée . Par contre je suis inquiet pour l’avenir car le prochain sera en 2033, c’est pour cela qu’il ne fallait donc pas rater cet événement […] nous sommes tous fiers de savoir qu’il y a ce monument scientifique sur notre territoire. Ce site majeur, est sans doute chargé de beaucoup d’histoire et je considère que le lancement de ce timbre, c’est une invitation à venir connaître l’histoire du four solaire, l’histoire d’un timbre, histoire qui est liée intimement à notre commune de Font Romeu Odeillo Via. Je vous remercie infiniment, nous sommes fiers de tout cela.

Puis je crois aussi, que c’est peut-être un renouveau pour le tourisme scientifique et je crois qu’avec vos équipes vous avez beaucoup travaillé pour un projet de rénovation de l’exposition. […].

Pour conclure, M. Le maire parle de l’exposition précédente qui s’appelait Heliodyssée et de la collaboration de la commune dans le projet de la future exposition.

 

(De droite à gauche : M. Alain LUNEAU, M. Stéphane VISSEQ, Mme Françoise BATAILLE, Mme Nadia PELLEFIGUE et M. Jerôme VITRE)

 

Mme Nadia PELLEFIGUE, vice-présidente à la région Occitanie prend à son tour la parole en interrogeant certain membre de l’assistance :

"Vous êtes un certain nombre à être plus jeune que moi, vous êtes doctorants ? Vous êtes docteurs ?

_Etudiants doctorants.

_Parfait, bravo, c’est un équipement qui est absolument unique.

Et aujourd’hui c’est un jour particulier, festif, parce que c’est une distinction que d’avoir un timbre à son effigie.

Au moment où nous sommes confrontés sur le territoire européen, à la guerre en Ukraine, nous prenons aussi conscience, des besoins de souveraineté sur le plan énergétique.

Et que le rapport du GIEC, il y a quelques semaines, qui signale encore de manière alarmiste ces tendances qui sont catastrophiques sur le plan environnemental. Renforce, la conviction profonde qui doit être celle de tous les citoyens. Qu’il nous faut absolument trouver des alternatives à notre dépendance aux énergies fossiles et à des modèles économiques […]

La crise ukrainienne, l’augmentation du cout de l’essence, l’impact que ça sur le cout des entreprises, sur la logistique, sur les transports, démontrent aussi que les alternatives doivent être renforcées.

Ici, dans cette région, en Occitanie, nous sommes champions.

Deuxième région en matière d’énergie solaire, première en matière de photovoltaïque. Mais nous savons, que nous devons encore augmenter nos capacités de production et d’usage des énergies renouvelables.

Notre présidente Carole Delga, nous a indiqué que nous avions l’ambition, de devenir première région à énergie positive d’Europe à l’horizon 2050.

[…] Augmenter par 3 la production des énergies renouvelables, c’est aussi relever le challenge de volume produit (…)  et des installations particulières, comme celle du four d’Odeillo.

[…] Cette volonté de la région Occitanie d’investir dans la recherche, dans la connaissance, de faire confiance à notre jeunesse, à nos chercheurs. A un moment où on a une société, qui par moment, doute, […] qui ne met pas tous les moyens nécessaires dans la manière de nous projeter dans un avenir plus désirable, plus solidaire.

Pour nous, c’est un engagement solidaire et citoyen, que de dire oui, nous faisons confiance à la recherche, oui nous avons des installations d’excellence, celle-ci en est une assurément.

[…] Font Romeu, ça devient une destination cultivée de la région, on y a pas mal d’évènement chez vous. On a des installations comme le CREPS. […]  «

Puis après une anecdote sur la taille des lits du Creps qui ont dû être changés pour pouvoir accueillir l’équipe de rugby, elle a conclu par cette phrase en lien avec le timbre : « La vie c’est la promotion du beau ».

 

(De gauche à droite : M. Jerôme VITRE, Mme Nadia PELLEFIGUE, M. Alain LUNEAU, M. Stéphane VISSEQ, Mme Françoise BATAILLE et M. Gilles FLAMANT)

 

Gilles FLAMANT, ancien Directeur du laboratoire PROMES CNRS et actuel responsable de recherche du laboratoire a conclu les discours en lisant l’histoire du four solaire d’Odeillo :

« [...]Changer les armes de guerre, même si elles sont de défense, en des outils utiles à l’humanité. Voilà ce qu’a réalisé Félix Trombe le fondateur du Four solaire. Une utopie réaliste à méditer aujourd’hui.

Au lendemain de la deuxième guerre mondiale, en 1946, Félix Trombe, Marc Foex et Charlotte Henry La Blanchetais, spécialistes des hautes températures réalisent les premiers essais de fusion avec un miroir de DCA (défense contre avions) à Meudon près de Paris. Inversion du trajet de la lumière, un pied de nez à l’histoire !

Félix Trombe, chimiste, est spécialiste des « terres rares », éléments chimiques ô combien d’actualité puisqu’ils sont au cœur du développement des énergies renouvelables. Il a en plus travaillé sur la séparation des différentes terres rares à partir de mélanges (alliages). Deuxième pied de nez à l’histoire !

Mais, comme pour les astrophysiciens, un miroir de 2 m de diamètre ne lui suffit pas car il pense déjà à la production semi-industrielle de céramiques purifiées. Le « laboratoire de recherches sur l’utilisation de l’énergie solaire » qui est inauguré en 1949 à Montlouis dispose de six petites installations identiques à celle de Meudon (et celles d’Odeillo), et une installation plus puissante qui comporte un miroir parabolique de 11,2 mètres de diamètre et de 6 mètres de distance focale. Les équipes poursuivent leurs recherches sur les terres rares et la purification des oxydes réfractaires. Mais, très rapidement germent les idées sur les applications du rayonnement solaire dans le domaine énergétique. Chauffage et réfrigération sont les premières applications proposées dans ce domaine, puis la production d’électricité grâce à l’énergie solaire comme en témoigne le colloque de Mont Louis en juin 1958. Mais dès 1950, Félix Trombe publie un article intitulé « L’énergie solaire, houille d’or de l’avenir » dans le bulletin de la société astronomique de France. A la fin des années 50, le projet du four solaire d’Odeillo est déjà lancé.

 

Le Four solaire d’Odeillo est 20 fois plus puissant que Mont Louis, on passe de 50 kW à 1000 kW. C’est un changement d’échelle d’un facteur 20. Peu d’industriels prennent un tel risque. Les travaux durent presque 10 ans, la décennie 1960-70. Il faut toute la capacité de persuasion et l’énergie de Félix Trombe (et les ambitions gaulliennes) pour débloquer les fonds qui permettront son achèvement. Le réglage de la parabole, miroir par miroir, dure 2 ans. Les premiers essais de fusion / purification sont réalisés à l’échelle pilote (100-200 kg) au début des années 70.

 

En 1973, premier choc pétrolier, le slogan « en France, on n’a pas de pétrole mais on a des idées » est diffusé partout. Dès 1974, le Comité consultatif de recherche et de développement sur l’énergie voit le jour. Vient ensuite une Délégation aux énergies nouvelles, puis une Agence pour les économies d’énergie, enfin un Commissariat à l’énergie solaire (COMES) en 1978. Parallèlement, le CNRS crée un programme de recherche interdisciplinaire sur l’énergie solaire (PIRDES) en 1975 sous l’impulsion de Robert Chabbal, créateur des Sciences de l’Ingénierie au CNRS et Directeur général de cet organisme entre 1976 et 1979. Le projet THEM (Thermo-Héliodynamique Megawatt) devenu par la suite Thémis est lancé à la même période. Le choix du site de Thémis est lié à la présence du Four solaire, comme 30 ans plus tard, le site de Llo pour la centrale solaire commerciale eLlo de Suncnim.

La construction de Thémis a failli ne pas se faire. En effet le programme nucléaire lancé par Messmer juste après le choc pétrolier en 1974 commençait à donner d’autres perspectives énergétiques pour la France. Il a fallu l’intervention militante à l’Assemblée Nationale du député de l’époque, André Tourné, appuyée par les promoteurs (et premiers écologistes) du projet pour que le projet ne passe pas aux oubliettes.

 

Le Four solaire d’Odeillo est resté jusqu’à la fin des années 70 la seule installation de grande puissance au monde capable de tester des prototypes de composants de centrales solaires comme les récepteurs solaires qui transforment le rayonnement solaire en chaleur utile. Un premier pilote de centrale solaire de 60 kW utilisant une huile à 300°C comme fluide caloporteur a été testé au Four solaire en 1976-1977. Cette campagne d’essais avait été précédée par les tests, avec la même installation, d’un prototype de récepteur solaire conçu par l’entreprise américaine Martin Marietta qui produisait de la vapeur surchauffée à plus de 500°C.

 

A la faveur des réalisations du PIRDES, en 1978, la France se présente comme un des chefs de file de la recherche et développement en matière d’énergie solaire, puisque son effort parvient à la hisser au deuxième rang mondial derrière les Etats-Unis.

 

Cette embellie solaire a duré 10 ans environ, dès 1985, les projets solaires prennent fin. Peut-être avons-nous trop promis, trop vite. Peut-être que la France a une forte tendance à la monoculture énergétique (dont elle semble se guérir aujourd’hui). Cette éclipse solaire a failli être la nuit définitive pour le Four solaire. Il a fallu de nouveau convaincre, de nouveau déployer beaucoup d’énergie pour défendre l’existence du Fours solaire et l’intérêt scientifique de cette installation unique. Claude Dupuy, directeur à l’époque, n’a pas manqué d’y mettre toute sa fougue. Durant cette période, nous avons mis l’énergie du soleil de côté et nous sommes revenus aux hautes températures et aux matériaux.

 

L’association fructueuse avec l’Université de Perpignan date de cette période.

Le basculement de millénaire a marqué un nouveau tournant avec la question du changement climatique. Le Four solaire renoue avec les recherches solaires en 2004 et devient PROMES. La proposition de transformer la tour de Thémis en site de recherche sur les centrales solaires du futur faite en 2003 (année de la canicule) au Conseil départemental devient effective en 2006. Les équipes de PROMES sont présentes sur 3 sites depuis cette époque. Elles travaillent sur les grands défis du moment, la transition énergétique et écologique grâce à l’énergie solaire.

Pour être stable, il faut trois piliers, ceux de PROMES sont (1) la recherche de qualité, (2) les infrastructures de recherche exceptionnelles et (3) l’ancrage locale, régional, national et européen.

 

L’ancrage locale se manifeste par la volonté du laboratoire, en partenariat avec la mairie de Font Romeu, d’offrir aux nombreux visiteurs une exposition entièrement rénovée digne des enjeux du moment et de l’attente des nombreux visiteurs.

 

  • L’échelle régionale se concrétise par les actions de PROMES à Thémis et par notre contribution à une Région à énergie positive.
  • Le volet national est assuré par le CNRS qui soutient avec vigueur le Laboratoire. Les infrastructures de recherche de PROMES sont reconnues IR nationales.
  • L’ancrage européen est stratégique, il permet le financement de grands projets et assure le rayonnement du Four solaire à l’étranger.

 

Il a fallu attendre 70 ans pour qu’une femme devienne directrice du laboratoire. La phrase de Victor Hugo, citée par Denis Guthleben « Rien ne peut s’opposer à la force d’une idée dont l’heure est arrivée » s’applique à l’énergie solaire comme à la direction des laboratoires. »

 

Mme Françoise BATAILLE et M. Stéphane VISSEQ ont ensuite levé le voile sur une représentation géante du timbre du four solaire. Les représentants de La Poste ont offert à M. le maire un dossier avec les timbres signés de la main de l’artiste.

 

 

 

Pour clore cet après-midi, l’équipe du CNRS PROMES a fait visiter le laboratoire aux invités.

 

La municipalité remercie l’équipe pour cette organisation et cet accueil chaleureux, le groupe La Poste pour cette belle initiative que la création de ce timbre.

 

Chers romeufontaines et romeufontains, il ne vous reste plus qu’à écrire ou à envoyer vos cartes postales avec ce timbre à l’effigie du four solaire afin de faire voyager cet illustre bâtiment scientifique  à travers toute la France et ailleurs.

 

Pour commander des timbres

Pour visiter le site internet Promes CNRS

 

 

Texte et photos  : Sandrine Verdanet

Ci-dessous, découvrez l'article de l’Indépendant paru le 28 mars 2022, par Sophie Marbezy :

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